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Une page d'histoire mal connue.
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Désinscrit | # Posté le 01/03/2009 à 11:26 |
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Bonjour. Je vais essayer de vous donner une page d'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Je le ferais de façon régulière, par épisode. Aussi je vous demande de ne pas poster sur ce sujet de façon à laisser s'enchainer les épisodes. Je demande à l'admin de mettre ce texte en post'it si possible. L'idée est d'évoquer l'histoire et de vous permettre si vous le souhaitez d'apporter vos contributions, commentaires et témoignages etc. sur le forum voisin "ICI LONDRES, le débat" je ferais en sorte de produire un ou deux épisodes par semaine. Chaque épisode aura sa référence que vous porterez à chacun de vos posts dans le sujet "ici londres, le débat" Merci de jouer le jeu et de respecter cette règle que je vous propose J'espère attirer votre intérêt. A bientôt pour le premier épisode ! Sources documentaires : Les voix de la liberté, Les Œuvres, Mémoires et Correspondances de Charles de Gaulle, Les éditions Ouest France, Les éditions de la Manche, La presse de la Manche, Les acteurs, les anciens et victimes de cette page d'histoire. Remerciements à tous pour leur contribution, Pour la mémoire de tout ceux qui ont vécu le terrible de ce conflit pour notre Liberté ! L'histoire n'appartient à personne, elle se partage ! elle ressort du patrimoine de l'humanité ! (ça c'est de moi ! ) La reproduction des textes mis en partage sur ce site est interdite, merci.; |
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Désinscrit | # Posté le 01/03/2009 à 12:51 |
Bonjour à tous pour vous mettre dans l'ambiance je vous propose l'épisode 1 aujourd'hui ! bon c'est le début mais cela va très vite s'enrichir avec de l'audio, de la vidéo, des témoignages et des documents d'époque ! eh, oui Pauvre Okin, je vais encore l'obliger à coder Je le rassure, je vais de mon coté externalisée le maximum d'info et doc ! Merci à tous d'accepter un peu d'amateurisme dans ce projet |
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Désinscrit | # Posté le 01/03/2009 à 13:08 |
Bonjour à tous pour vous mettre dans l'ambiance je vous propose l'épisode 1 aujourd'hui ! bon c'est le début mais cela va très vite s'enrichir avec de l'audio, de la vidéo, des témoignages et des documents d'époque ! eh, oui Pauvre Okin, je vais encore l'obliger à coder Je le rassure, je vais de mon coté externalisée le maximum d'info et doc ! Merci à tous d'accepter un peu d'amateurisme dans ce projet |
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Désinscrit | # Posté le 01/03/2009 à 14:12 |
[E1] voilà de l'audio pour accompagner ce texte clique dessus ! c'est ici que le Général de Gaulle a rassemblé le peuple de france ! Mais avant tout la capitulation de Bordeaux déclenchait le Gouvernement Français en Angleterre ! Le général de Gaulle organise la résistance et son gouvernement ! Avant de laisser parler les textes - qu'il appartient à chacun d'apprécier et de juger - essayons de retracer comment furent créées et comment fonctionnèrent les émissions françaises de Londres, quelles batailles elles suscitèrent et par quelles phases elles guidèrent l'opinion française jusqu'à la Libération. La diffusion radiophonique à l'intention de publics étrangers était, en 1940, chose toute nouvelle. La B.B.C. avait lancé ses premières émissions étrangères trois ans plus tôt et elle ne diffusait vers la France au moment de l'invasion allemande, que cinq, puis six bulletins quotidiens de nouvelles ; ceux-ci avaient bénéficié d'une écoute croissante, attestée par 1 500 lettres reçues de France dès le mois de février 1940. Mais l'effort britannique était négligeable comparé à celui des nazis ; ces derniers avaient mobilisé de puissants moyens : ils tenaient la radio pour une arme d'assaut, au même titre que les chars de combat et les stukas ; le « bombardement psychologique » hitlérien, expérimenté d'abord contre la Sarre, l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne, avait puissamment contribué, de l'avis des Allemands aussi bien que des Anglais, à la rupture sinon du front, du moins du moral français. Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle, avec l'accord de Churchill, proclamait de Londres sa certitude de la victoire finale et lançait la phrase désormais fameuse : « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. » Son appel public, survenant au lendemain de la demande d'armistice du Maréchal Pétain, allait avoir des prolongements politiques considérables. Mais très peu de Français l'entendirent. Un nombre relativement important en eut pourtant connaissance par ouï-dire, par certains journaux du Midi et même, grâce aux Allemands, par Radio-Stuttgart et Radio-Luxembourg. Presque au même moment, les dirigeants de la section française de la B.B.C. avaient conçu de juin 40 l'idée de prêter assistance à la radio nationale française, dont les émetteurs tombaient les uns après les autres aux mains de l'ennemi : le 19 juin, au soir, l'ambassadeur de France à Londres, Charles Corbin, pouvait annoncer que la France, ou plus précisément la Radiodiffusion nationale, bénéficierait, sur les antennes de la B.B.C., après le bulletin d'information français du soir, d'une émission d'un quart d'heure, à une période de grande écoute, de 20 h 30 à 20 h 45. Cet accord eut un début d'exécution et pendant quelques jours, l'émission française du soir associa au micro Jean Masson, représentant officiel de la Radiodiffusion nationale, et un grand reporter du nom d'Yves Morvan, qui allait acquérir une immense audience sous le pseudonyme de Jean Marin. L'armistice rendit l'accord bientôt caduc, Jean Masson fut rappelé à Vichy, mais l'émission du soir subsista : elle était promise, sous une forme nouvelle, à un brillant avenir. A la fin du mois de juin, les appels réitérés du Général de Gaulle n'avaient réussi à rallier aucun des grands chefs militaires, ni aucun territoire de l'Empire. L'Angleterre restait seule et désarmée face à l'Allemagne triomphante. Au début de juillet, le drame de Mers el-Ké consomma sa rupture avec le gouvernement de Vichy. La radio demeurait l'ultime et faible lien permettant aux Anglais et aux Français Libres de garder le contact avec le peuple français, Mais y réussiraient-ils ? « L'audience européenne peut facilement être perdue en quelques semaines, laissant le champ libre à la propagande allemande dont l'efficacité n'est plus à démontrer... » peut-on lire dans un rapport de la B.B.C. du 8 juillet. « Si on ne s'y emploie pas, Goebbels gagnera la guerre de propagande en Europe... Le poids de la propagande anti-anglaise va être énorme ; il faui maîtrise et résolution dans l'usage de toutes les ressources britanniques de propagande pour créer une cinquième colonne efficace en France. » |
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Désinscrit | # Posté le 01/03/2009 à 19:03 |
[E2] (en vert il s'agit de lien documentaire, alors lecteur, clique dessus);;;; Naissance des Programmes français Maîtrise et résolution allaient caractériser les initiatives aussitôt prises. Dès le 1er juillet, la nouvelle émission du soir, baptisée « Ici la France » est portée à une demi-heure (de 20 h 30 à 21 h) ; elle reste précédée d'un quart d'heure de nouvelles en français (de 20 h 15 à 20 h 30). Le nombre des longueurs d'ondes et la puissance des émissions en français sont accrus. Il faut pour ces émissions un animateur qui ait foi dans la résistance et le succès allié. Miss Cecilia Reeves, officier de liaison de la B.B.C. auprès des radios étrangères, propose de faire appel à un rescapé de Dunkerque qui est un homme de théâtre, auteur de plusieurs mises en scène originales tant à Paris qu'à Londres, Michel Saint-Denis. Il devient le 7 juillet, le premier Français membre permanent de la B.B.C. ; il s'installe à Broadcasting Housc le 8 ; une semaine est constituée une équipe avec laquelle, sous le pseudonyme de Jacques Duchesne, il prend en charge, le 14 juillet, les émissions d' « Ici la France ».. Parallèlement, Churchill, au lendemain de Mers el-Kébir, donne l'ordre de « tout faire pour aider le Général de Gaulle à atteindre ses buts » et notamment de « lui donner chaque semaine des périodes d'émission vers la France, qu'il puisse considérer .et utiliser comme les siennes propres ». De Gaulle voudrait trois périodes d'un quart d'heure par semaine : les Anglais lui proposent, pour mieux assurer la continuité d'expression de la France Libre, cinq minutes chaque soir à 20 h 25, après le bulletin de nouvelles et avant « Ici la France » ; le Général s'en déclare d'accord le 13 au soir, en venant enregistrer son message pour la Fête nationale. « L'émission de la France Libre » commencera le 18 juillet. Le 17, de Gaulle désigne comme chargé de liaison auprès de la B.B.C. et du ministère de l'information britannique, un jeune journaliste politique de l'Agence Havas, Maurice Schumann, qui a rédigé le 9 juillet, un remarquable commentaire radiodiffusé sur Mers el-Kébir. Bientôt promu pu parole de la France Libre, il allait être pendant quatre ans responsable des temps d'émissions, alloués à cette dernière. La structure et l'organisation des émissions françaises étaient désormais fixées et pour l'essentiel elles demeurèrent telles jusqu'à la veille du débarquement de 1944. La grande émission, celle qui allait mobiliser progressivement une audience formidable, était celle du soir, d'abord 20 h 15 à 21 heures, et par la suite de 21 h 15 à 22 heures (heure française de zone occupée). Elle comprenait trois parties qu'il importe de distinguer, car elles relevaient d'autorités différentes, ce qui ne fut pas toujours sans conséquences. Tout d'abord venaient les nouvelles, d'une durée moyenne de 10 minutes, qui continuèrent d'être rédigées par des Anglais et lues par des speakers français. (Il faut savoir que dès le 1er juin 1944, les brouillages allemands n'arrivent pas à couvrir l'indicatif sonore emprunté à la 5e symphonie de Beethoven, et qui signifient en code Morse "V", comme victoire. Et les auditeurs de la BBC présents ce jour là derrière leur récepteur n'auront pas manqué de remarquer qu'il se prépare quelque-chose de spécial : en effet, les messages personnels se multiplient...) Vous pouvez retrouver retrouver sur cette page du site DOCTSF quelques exemples de messages destinés à la résistance et leur objet |
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Désinscrit | # Posté le 02/03/2009 à 10:53 |
Aux épisodes [E..] j'intercale des Documentations [DOC...] [DOC 1] Citation : Général de Gaulle L'appel du 18 juin 1940 " Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat ! (...) La défaite est-elle définitive ? non ! (...) car la France n'est pas seule. Elle a un vaste empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut comme l'Angleterre utiliser sans limite l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui vendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain comme aujourd'hui je parlerai à la radio de Londres ". Général de Gaulle |
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Désinscrit | # Posté le 02/03/2009 à 13:34 |
[E3] HONNEUR ET PATRIE Ensuite suivaient les cinq minutes de la France Libre que l’on appellera quelque temps, en juillet et en aout 1940, « L’émission de la Légion Française ».Elle étaient introduites par l’annonce « Honneur et Patrie », à quoi s’ajouta au bout de quelques semaines – les soirs où Shumann parlait - la formule rituelle : Voici le porte-parole des Français Libres, formule qui devint ensuite, Voici le porte-parole de la France Libre, en juillet 1942, Voici le porte-parole de la France Combattante et dans l'été 1943, Voici le porte-parole du Comité Français de la Libération Nationale. Le Général de Gaulle ne parlait que dans les grandes occasions : il vint soixante-sept fois au micro de la B.B.C. s'adresser à la France. Schumann, entre le 18 juillet 1940 et le 30 mai 1944, parla plus de mille fois. Plusieurs soirs par semaine (et à partir de 1941 lors de l'émission « Honneur et Patrie » de midi), il s'effaçait derrière d'autres volontaires de la France Libre, combattants anonymes ou responsables civils ou militaires (ainsi le professeur Cassin parla cent cinquante fois, le Général Valin plusieurs dizaines de fois) auxquels s'adjoignirent, à partir de 1942, les représentants de la Résistance intérieure. Lors de ses rares absences, il fut remplacé en juin-juillet 1943 par Pierre Brossolette, à l'automne 1943 par P.O. Lapie. Les émissions « Honneur et Patrie » n'étaient pas soumises à la censure britannique : si l'une d'elles prêtait à contestation, ce qui arriva assez fréquemment, le cas était discuté de puissance à puissance au niveau politique entre représentants autorisés. Les cas graves furent portés jusque devant de Gaulle et parfois déférés à Churchill lui-même. Jamais de Gaulle n'eût souffert pour ses propres émissions, il l'a dit, la moindre censure. [E4] « Les Français parlent aux Français » Après les cinq minutes d' « Honneur et Patrie » venait le programme français proprement dit, baptisé d'abord, nous l'avons vu, « Ici la France », puis à partir du 6 septembre 1940, « Les Français parlent aux Français ». Ce programme était effectivement dirigé par un Fran¬çais, il était réalisé par une équipe de Français, dont certains comme Bouchon, Chevrier, Grinberg, Marin, Van Moppès, étaient engagés volontaires dans les Forces Françaises Libres ; si l'équipe était très jalouse de son franc-parler, elle était cependant liée par contrat à la B.B.C., elle était subordonnée au chef anglais de la section française qui fut bientôt, et resta jusqu'à la Libération, un journaliste admirable d'intelligence et de probité intellectuelle, l'ancien correspondant du Manchester Guardian à Paris, Darsie Gillie ; enfin, elle recevait, même s'il lui arrivait souvent de ne pas s'y conformer, les directives de l'organisme qu'on appela par la suite le département de la Guerre Politique (PID/PWE), ainsi que les directives internes de la rédaction centrale de la B.B.C. pour l'Europe qu'animait l'autoritaire Noël Newsome ; et elle était soumise à la censure anglaise. ( Les membres de l'équipe avaient exigé, dans le contrat qui les liait à la B.B.C., l'insertion d'une clause de conscience aux termes de laquelle rien ne pouvait leur être imposé qu'ils jugent contraire à l'intérêt de la France.) Bien entendu, les auditeurs français ignoraient ces nuances. II n'en reste pas moins que seules les cinq minutes d' « Honneur et Patrie » pouvaient être considérées comme exprimant de façon continue et autorisée la pensée politique de la France Libre. Aussi ne s'étonnera-t-on pas de certaines différences de ton et, dans certains cas, d'attitude tactique entre des textes relevant de l'une ou l'autre des trois principales rubriques. [E5] Une vision politique cohérente Un discour de Churchill aux Français La force saisissante des émissions de Londres tient dès les premiers mois à un ensemble d'apports originaux que le recul du temps permet de distinguer plus clairement. C'est, en premier lieu, une vision politique exceptionnellement cohérente, allant de pair avec une volonté de résistance ressentie comme intraitable : tel est bien l'apport, étroitement solidaire pendant l'été 40, de de Gaulle et de Churchill, à la fois orateurs et hommes d'action. La B.B.C. a largement rediffusé en français les grands discours où Churchill exprime sous une forme épique son refus de capituler, et certains d'entre eux ont été beaucoup mieux connus en France que les premiers messages du chef de la France Libre. Mais il y a dans les appels du Général de Gaulle, outre l'acte de foi, une explication raisonnée du cours présent et futur de la guerre dont la force démonstrative n'appartient qu'à lui. Il y a là un corps de doctrine sans faille, simple et cohérent, qui inspirera ensuite les émissions « Honneur et Patrie » et dont les événements confirmeront la justesse aussi sûrement que le télescope confirma l'annonce de la découverte de Neptune par Le Verrier Tout cela exprimé d'une manière proprement inouïe : « Seul un soldat, écrira Léon Blum, pouvait dicter avec cette force et cette autorité des devoirs aussi simples, simples comme le cri de la conscience. » |
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Désinscrit | # Posté le 08/03/2009 à 08:28 |
[E6] Une conception démocratique Un second apport capital de la B.B.C. réside dans une certaine notion de l'usage de la radio et de l'information. Elle ne fait que refléter une conception démocratique de l'homme et des rapports entre gouvernants et gouvernés et cette conception est à l'opposé de la doctrine hitlérienne. Elle consiste, en particulier, à dire, dans toute la mesure du possible, le vrai ; la seule limitation admise, en période de conflit armé, est le souci de la sécurité. Ces années de guerre sont en effet celles où s'affirme en Angleterre la doctrine du « droit à l'information », du « droit de savoir », comme l'appellera le socialiste Francis Williams, promu directeur de la censure. L'auditeur n'est pas un anonyme méprisé, dont la propagande doit façonner l'esprit pour manipuler ses actes : c'est un être capable de jugement, à qui l'on doit exposer les faits et qu'il faut, s'il y a lieu, convaincre par les seules armes de la raison. La B.B.C. se refuse à l'optimisme de commande. Elle répugne à la grandiloquence aussi bien dans le choix des mots que dans l'intonation des speakers. Elle veut faire confiance aux auditeurs pour qu'ils aient confiance en elle. Bien des Français avaient été sensibles à cette confiance avant même l'armistice. « Le calme de vos bulletins et l'omission de commentaires officiels superflus sont appréciés », lui avait écrit un auditeur français parmi d'autres, dès le début de mai ; « ils nous prouvent que votre principe est de ne rien cacher au public. Nos hommes d'Etat et la longue succession des hauts fonctionnaires chargés d'exprimer leur point de vue tendent à nous traiter comme des enfants qui ne doivent pas savoir toute la vérité. » Les désastres ne devaient pas modifier cette attitude. Non pas que la B.B.C. n'ait jamais péché par omission, loin de là. Mais dès la mi-août 1940, quand la bataille d'Angleterre fait rage, elle ne dissimule ni les dangers, ni les menaces. Quel signe de confiance en soi ! Quelle preuve de force que de pouvoir laisser Pierre Bourdan annoncer : « Ce .soir, les nouvelles sont mauvaises ! » Et trois jours plus tard : « Ce soir, les nouvelles sont très mauvaises ! » Attitude dont les réalistes comprendront bientôt qu'elle peut être payante : « Nous avions besoin d'instaurer une confiance totale dans la B.B.C. », écrira le Colonel Buckmaster, futur chef des services anglais d'action en France, « afin que le moment venu, les patriotes français acceptent, .sans questions ni murmures, toute directive qui serait lancée sur ses longueurs d'ondes. » [E7] Une équipe exceptionnelle Un troisième apport tient à l'existence même de l'équipe des « Français parlent aux Français » et au style qu'elle élabora. II faut mettre à part Maurice Schumann. Toujours en uniforme de lieutenant, l'écusson « France » à l'épaule, il était plus que la voix de la France Libre, il était auprès de la B.B.C. la France Libre elle-même. I1 avait son bureau au 4, Carlton Gardens, au Q.G. français ; il avait des contacts souvent quotidiens avec le Général de Gaulle. II poursuivait de soir en soir avec la France muette une sorte de face à face grandiose, lyrique, pathétique, prophétique : « Nous n'oublierons certes pas », a pu écrire Georges Duhamel, « la voix familière de Maurice Schu¬rnann qui, si nous ressuscitons dans mille ans, nous rappellera encore nos espérances et nos angoisses pendant les saisons amères. » Clique ici pour écouter l'avis N°2 sur la BBC de l'époque L'équipe initiale des « Français parlent aux Français » comprenait, outre Duchesne qui n'était autre que Michel Saint-Denis , six hommes : deux journalistes, Pierre Bourdan et Jean Marin, les « Frères Bourdan », comme on les appela un moment, qui furent les grands commentateurs politiques et militaires ; le poète surréaliste Jacques Brunius (alias Jacques Borel), admirable traducteur de Dylan Thomas ; deux dessi¬nateurs hommes d'esprit, Jean Oberlé, reporter plein de verve et auteur de nombreux slogans et Maurice Van Moppès, qui fut le parolier et l'auteur des chansons ; enfin, un élève de Duchesne, Pierre Lefèvre, cheville ouvrière des émissions sur le plan technique. A l'exception de Marin, qui partit commander une vedette lance-torpilles en 1943, ce groupe initial occupa le micro jusqu'au débarquement. Il fut progressivement renforcé par de nouveaux arrivants : Franck Bauer, Paul Bonifas, de la Comédie-Française, Paul Bouchon (Boivin), Roger Chevrier, qui fut par la suite parachuté en France, Georges Dumonceau (Georges Rex), Jean-Pierre Grinberg (Granville), Jean Pécheral, les diplomates Louis Roché (Cauchois), futur ambassadeur de France à Vienne et Marcel Hoden (Jacquelin), l'inspecteur des Finances Jean Vacher-Desvernais, Geneviève Wiesner (Brissot), le compositeur Francis Chagrin, auxquels se joignirent en 1943 le chansonnier Pierre Dac, enfin, en mai 1944, Maurice Diamant-Berger (André Gillois), écrivain déjà connu et homme de radio confirmé. Outre les permanents, l'équipe bénéficia de multiples concours extérieurs, réguliers ou occasionnels - ainsi, dès la première époque, Georges Bernanos, Georges Boris, Myriam Cendrars, Henri Hauck, André Labarthe, Louis Lévy, Gustave Moutet, François Quilici, P.O. Lapie., Louis de Villefosse - et des centaines de volontaires des Forces Françaises Libres ou de résistants arrivés de France. |
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Désinscrit | # Posté le 08/03/2009 à 08:37 |
Encore du beau boulot! | |
Désinscrit | # Posté le 08/03/2009 à 16:07 |
[E8] Jacques Duchesne, animateur et homme de théâtre Duchesne était chef du personnel français et responsable des programmes. « La radio française de Londres n'aurait pas été ce qu'elle fut sans lui », a écrit Jean Oberlé. « Il fut le moyeu de la roue, il fut le conciliateur entre tant de tendances opposées. Et puis... Jacques Duchesne nous apprit à tous à parler. » Car Duchesne était avant tout un animateur de troupe théâtrale et un pédagogue. II avait été, avant la guerre, et il a été depuis la Libération, l'initiateur de certaines des formes les plus originales d'enseignement du théâtre, tant en France et en Angleterre qu'aux Etats-Unis et au Canada'. Il avait le sens de la distribution des rôles, des caractères et des voix; c'est en homme de théâtre qu'il percevait sa relation avec les auditeurs, et sa contribution la plus originale fut sans doute de concevoir le programme des « Français parlent aux Français » à la façon d'un spectacle sonore. Circonstance favorable, aucun des co-équipiers n'était un professionnel de la radio ; la plupart n'étaient même pas des journalistes ; ils étaient jeunes ; aucune tradition, aucune recette ne les bridait. Leurs émissions auraient surement été moins bonnes s'ils avaient été plus fonctionnarisés ou plus monolithiques. Ils surent créer un style. Leur liberté de ton s'accordait avec le sens anglais du libéralisme. Ils y ajoutèrent la diversité et la fantaisie. Dès la mi-juillet 1940, une de leurs premières évocations de la France, sur une note cocardière et attendrie, est celle du Tour de France cycliste. L'émission « Les Trois Amis », dont la carrière durera plus de deux ans, inaugure la formule des libres propos dialogués. Presque aussitôt apparait l'élément sonore : musiques militaires et chansons populaires. A la mi-août, la décision est prise d'infléchir « les Français parlent aux Français » dans le sens d'un programme de variétés, sans pour autant atténuer la rigueur des commentaires : dès le début de septembre, on en vient à une forme d'émission alternée, rapide, vivante, solide pourtant avec ses éditoriaux et ses analyses de la situation militaire, politique et économique, mais entrecoupée de slogans, de refrains satiriques et de marches militaires : Oberlé lance la rengaine : "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand." Elle va se conjuguer quelque temps avec le slogan : "Depuis Strasbourg jusqu'à Biarritz La radio est aux mains des Fritz." Maurice Van Moppès s'essaie aux couplets de parodie : "Ils sont dans nos vignes les Allemands, Ils sont dans nos vignes." Et à l'automne, tandis que les bombes déferlent sur Londres et endommagent gravement la Maison de la B.B.C., il lance sa première chanson : "Sur l'pont de Londres Un bal y est donné, Hltler demande A Goering d'y aller." Bientôt Paris chantonne ces refrains. Le Général von Stülpnagel s'en plaint dans ses rapports. Jamais, la radio française de Londres ne sera à la fois plus franche et plus spontanée, jamais sa mise en ondes ne sera plus alerte que dans ces mois tragiques de 1940 et 1941 où l'issue de la guerre est si loin d'être assurée. |
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