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Une page d'histoire mal connue.
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Désinscrit | # Posté le 08/03/2009 à 16:07 |
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Reprise du dernier message de la page précédente : [E8]Jacques Duchesne, animateur et homme de théâtre Duchesne était chef du personnel français et responsable des programmes. « La radio française de Londres n'aurait pas été ce qu'elle fut sans lui », a écrit Jean Oberlé. « Il fut le moyeu de la roue, il fut le conciliateur entre tant de tendances opposées. Et puis... Jacques Duchesne nous apprit à tous à parler. » Car Duchesne était avant tout un animateur de troupe théâtrale et un pédagogue. II avait été, avant la guerre, et il a été depuis la Libération, l'initiateur de certaines des formes les plus originales d'enseignement du théâtre, tant en France et en Angleterre qu'aux Etats-Unis et au Canada'. Il avait le sens de la distribution des rôles, des caractères et des voix; c'est en homme de théâtre qu'il percevait sa relation avec les auditeurs, et sa contribution la plus originale fut sans doute de concevoir le programme des « Français parlent aux Français » à la façon d'un spectacle sonore. Circonstance favorable, aucun des co-équipiers n'était un professionnel de la radio ; la plupart n'étaient même pas des journalistes ; ils étaient jeunes ; aucune tradition, aucune recette ne les bridait. Leurs émissions auraient surement été moins bonnes s'ils avaient été plus fonctionnarisés ou plus monolithiques. Ils surent créer un style. Leur liberté de ton s'accordait avec le sens anglais du libéralisme. Ils y ajoutèrent la diversité et la fantaisie. Dès la mi-juillet 1940, une de leurs premières évocations de la France, sur une note cocardière et attendrie, est celle du Tour de France cycliste. L'émission « Les Trois Amis », dont la carrière durera plus de deux ans, inaugure la formule des libres propos dialogués. Presque aussitôt apparait l'élément sonore : musiques militaires et chansons populaires. A la mi-août, la décision est prise d'infléchir « les Français parlent aux Français » dans le sens d'un programme de variétés, sans pour autant atténuer la rigueur des commentaires : dès le début de septembre, on en vient à une forme d'émission alternée, rapide, vivante, solide pourtant avec ses éditoriaux et ses analyses de la situation militaire, politique et économique, mais entrecoupée de slogans, de refrains satiriques et de marches militaires : Oberlé lance la rengaine : "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand." Elle va se conjuguer quelque temps avec le slogan : "Depuis Strasbourg jusqu'à Biarritz La radio est aux mains des Fritz." Maurice Van Moppès s'essaie aux couplets de parodie : "Ils sont dans nos vignes les Allemands, Ils sont dans nos vignes." Et à l'automne, tandis que les bombes déferlent sur Londres et endommagent gravement la Maison de la B.B.C., il lance sa première chanson : "Sur l'pont de Londres Un bal y est donné, Hltler demande A Goering d'y aller." Bientôt Paris chantonne ces refrains. Le Général von Stülpnagel s'en plaint dans ses rapports. Jamais, la radio française de Londres ne sera à la fois plus franche et plus spontanée, jamais sa mise en ondes ne sera plus alerte que dans ces mois tragiques de 1940 et 1941 où l'issue de la guerre est si loin d'être assurée. |
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Désinscrit | # Posté le 08/03/2009 à 17:53 |
[E9] Une réussite de style et de ton, un acte de foi La réussite est plus que de ton, soulignons-le, elle est de style. Chacun sait que les appels du Général de Gaulle sont d'un de nos plus grands écrivains. On reconnaîtra, à la lecture de ce recueil, que (a radio française de Londres, dans ce qu'elle a de meilleur, a porté à son épanouissement, sous des formes diverses, un genre littéraire original. Assurément, le bavardage et la rhétorique ne manquent pas dans cette production immense. Mais Maurice Schumann, quand les circonstances le portent, sait mêler a la grande tradition du journalisme pamphlétaire les accents d'une éloquence révolutionnaire qui, par-delà les tribuns romantiques, rappellent parfois les orateurs sacrés. Après un tiers de siècle, les commentaires des nouvelles de Bourdan n'ont pas une ride : par la clarté d'exposition, la sûreté de jugement, l'art de tirer rationnellement d'un fait concret des vues d'ensemble, ils révèlent chez leur auteur - mort tragiquement à trente-neuf ans - l'étoffe d'un Tocqueville. Et dans le genre périlleux autant que périssable de la chanson politique, les meilleurs couplets de Van Moppès (en attendant Pierre Dac) s'élèvent au-dessus du pastiche ou de la revue d'étudiant ; s'ils n'ont pas les prétentions littéraires des chansons de Béranger, ils ont sûrement plus de verve, et de pointe. Mais pour attirer les auditeurs, était-ce assez d'un acte de foi quotidien dans la victoire ? Suffisait-il de tant d'imagination, de talent et de flamme? L'opinion française, assommée par la défaite et se croyant sortie de la guerre, communiait dans le culte du Maréchal. L'Eglise, la Légion, les organisations de jeunesse s'en faisaient les officiants. A partir de février 1941, Paul Marion, secrétaire à l'Information, acheva d'organiser une propagande visant à assurer un conformisme total. En zone nord, l'occupant menait, à l'aide de ses journaux, de ses affiches, de ses mots d'ordre chuchotés, de ses groupements collaborateurs, une action effrénée : il se faisait patriote, socialiste, anticapitaliste, anti-anglais, anti-vichyste même, à l'occasion, avant de devenir farouchement anti-communiste le 22 juin 1941. I1 disposait avec Radio-Paris de l'émetteur le plus puissant d'Europe continentale sur les ondes duquel Dieudonné et Oltramare attaquaient la B.B.C. et « les Français de l'étranger » avec leurs propres armes : Bibici, ce n'est qu'une sérénade, Bibici, Sérénade sans espoir... Il avait converti les émetteurs d'Argenteuil de l'ancienne Radio-Cité en centrale de brouillage... Vains efforts ! « A partir de 19 h 30, la radio anglaise domine maintenant l'éther » déplorait le commandant en chef des forces allemandes d'occupation, dans son rapport pour octobre 1940 (1). Que n'aurait-on pas donné, de Londres, pour connaître un tel aveu ! A la fin de l'année 1940, Carlton Gardens et la B.B.C. avaient cependant recueilli assez d'indices favorables pour être persuadés d'avoir contribué à une victoire psychologique, et pour que le Général de Gaulle imaginât et prît le risque d'ordonner, par la voix de la radio, une manifestation nationale : faire le vide dans les rues de 15 à 16 heures, le 1er janvier 1941. Message d'alerte diffusé à Paris par Radio Cité vers 1940 Début d'émission de Radio Paris le 17 janvier 1941 suivi d'une moquerie sur Churchill (1). Sur le plan purement technique, la B.B.C. bénéficiait, sans bien s'en rendre compte, d'un double avantage : Radio-Vichy était inaudible dans la moitié de la zone occupée, et Radio-Paris cessait d'émettre à la tombée de la nuit pour ne pas guider les bombardiers anglais. |
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Désinscrit | # Posté le 12/03/2009 à 15:02 |
Quand la radio devient une arme La manifestation du le, janvier 1941 - dont le succès fut limité, mais certain - annonce un usage nouveau de la radio. Celle-ci ne s'appliquera plus seulement à rassurer et à convaincre, puis à dénoncer les abandons de Darlan et les fusillades d'otages, à célébrer, à partir de juin 1941, le patriotisme des résistants et l'héroïsme du peuple soviétique. Elle ne se bornera pas à révéler aux Français les faits qu'on leur cache - le détail de la manifestation du 11 novembre 1940 à l'Étoile, la livraison par Vichy, en février 1941, des chefs socialistes allemands réfugiés, le rapport du Général Doyen à Pétain sur les visées annexionnistes nazies, la mise à la disposition des Allemands des aérodromes de Syrie, le détail des prélèvements et pillages économiques ennemis, les récits d'exécutions de patriotes, sans parler du commentaire quotidien le plus véridique des opérations militaires. La radio va en outre être utilisée comme une arme, une arme que tout d'abord on essaie. La campagne des « V » et « la campagne de la tortue » (« Travaillez lentement », les manifestations des 11 mai et 14 juillet 1941, des 1er mai, 14 juillet et 11 novembre 1942, jalonnent cette évolution, attestent la participation croissante, l'engagement de plus en plus actif de la population française, même en zone sud, pourtant plus apathique. La campagne des « V » a pour origine une émission pour la Belgique de Victor de Lavelaye, animateur du programme belge, qui, le 13 janvier 1941, propose à ses compatriotes le symbole V comme signe de ralliement - V comme Victoire, V comme Vrijheid (Liberté en flamand). Dès le 22 janvier, la B.B.C. reçoit une première lettre d'un port français de la Manche signalant que des petits V apparaissent de toutes parts. En février, des dizaines d'informations concordantes affluent. Le 22 mars, la section française lance le mot d'ordre de couvrir les murs de V en l'honneur du roi Pierre de Yougoslavie qui a refusé de capituler devant les Allemands : la consigne est instantanément suivie dans les deux zones, tandis qu'à Marseille une manifestation spontanée lance plusieurs milliers de patriotes dans les rues. Les Allemands réagissent, menacent, prennent des sanctions. Le succès des V est si grand et si durable - dans toute l'Europe occupée d'ailleurs - qu'en juillet, Berlin ne trouve d'autre moyen pour y mettre fin que d'adopter à son tour le V (V comme Viktoria, symbole de la victoire allemande) ; les unités d'occupation reçoivent l'ordre de l'arborer sur leurs cantonnements et leurs véhicules. Et la Wehrmacht décore la Tour Eiffel d'un gigantesque V. La campagne des V n'a sans doute pas eu l'importance politique que certains dirigeants de la B.B.C. lui attribuèrent ; des événements d'une tout autre portée allaient bientôt secouer les opinions publiques européennes : l'entrée en guerre de l'U.R.S.S., les premiers attentats, la répression massive. Elle prouvait cependant que rien ne pouvait arrêter ce que Goebbels appelait « l'invasion intellectuelle du continent par la radio anglaise ». Aucune des manifestations ordonnées de Londres n'eut un retentissement égal à celles du 1er mai et surtout du 14 juillet 1942 qu'orchestra la France Libre. Elles permirent de mesurer combien l'opinion avait évolué, même en zone non occupée. Elles répondaient à la conception d'une propagande plus militante, préconisée en France même, à partir de la fin 1941, par Jean Moulin et, au tout début de 1942, par Pierre Brossolette. « L'essentiel n'est plus seulement de persuader aux Français que les Allemands perdront la guerre p, avait écrit Brossolette dans son premier rapport envoyé à Londres, en date du 9 janvier 1942, « ils en sont maintenant convaincus dans leur immense majorité... L'essentiel est dorénavant de préparer les Français à jouer leur rôle dans l'acte final, c'est-à-dire de les animer contre les occupants, de les bien convaincre qu'à Londres on est très sensible à l'épreuve tout à fait réelle que leur inflige l'occupation et, en même temps, de tremper leur caractère en vue de l'action éventuelle et de ses prolongements futurs. » Les deux manifestations du 1er mai et du 14 juillet 1942, venant au lendemain du retour au pouvoir de Laval (18 avril) et du fameux discours sur la relève où il déclarait souhaiter la victoire de l'Allemagne (22 juin), furent proposées par les organisations de résistance de zone sud et soutenues par les centrales syndicales clandestines et les partis socialiste et communiste. Elles furent préparées par une intense propagande sur les antennes de la B.B.C. : Ecoute ! |
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Désinscrit | # Posté le 13/03/2009 à 11:32 |
Bonjour. Bon, au regard de la fréquentation du sujet, il me semble peu utile de le poursuivre, du moins pour l'instant. Je le suspends donc. En effet pourquoi s'investir et consacrer du temps pour rien ? J'attends vos opinions ICI Merci et à bientôt ! |
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Désinscrit | # Posté le 13/03/2009 à 11:37 |
- Votre sujet n'a pas d'intérêt,Remarque du modérateur :Je verrais plus tard ! |
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